jeudi 17 décembre 2009

MALUKU,
du 25 novembre au 15 décembre:

LA MER EST BELLE?



Allez... on quitte Sulawesi (Les Célèbes) pour les Molluques. Nous voilà repartis pour trois jours de Pelni! Il a dix heures de retard, c'est pas trop mal!



Munis de nos tickets ekonomi, nous traversons un dortoir bondé (passagers + marchandises), puis un autre, avant de décider de tenter notre chance dans les couloirs des classes I et II! Veinards, nous nous dégotons un petit coin-salon avec des canapés, la clim, et surtout personne! A part quelques passagers qui viennent passer un moment avec nous et à qui nous demandons de ne pas fumer(!). Notre maîtrise du bahasa Indonesia (la langue nationale) s'étant nettement améliorée, nous parvenons à tenir des conversations basiques mais sympathiques!




les toilettes... sur cette photo, elles sont exceptionnellement propres!




C'est assez impressionnant de voir un aussi gros bateau accoster une petite île comme Frpkr... et les flots de passagers qui s'en déversent pour ensuite s'évanouir dans la nature on ne sait où...Comment cette île peut contenir tout ce monde??? En tout cas c'est un moment fort pour ce petit port qui grouillera une petite heure avant de retomber dans le calme.



le calme...



C'est lui que nous sommes venus rejoindre ici, ainsi que les fonds marins que nous explorons à loisir pendant deux semaines, avec Tamaya et Julien, deux gentils parisiens qui sont comme nous ravis de faire une petite pause dans leur grand voyage, et avec qui nous passons d'agréables journées tranquilles...



les enfants qui ramassent des fleurs...


heureusement qu'il n'y a pas le son...


papayer


avec Tamaya


Eka


et ses amis...





Promenade en forêt,

avec Tamaya et Julien






Puis au verger:


noix de muscade toutes fraîches!



giroflier: les boutons floraux séchés forment les clous de girofle, et les feuilles sont utilisées pour confectionner les kretek, cigarettes très parfumées très appreciées ici...


curcuma




On pourrait vous parler de nos heures de lecture sur la terrasse face à la mer ou de nos petites activités de détente... On pourrait vous parler des "Hello Mister" des enfants, des sourires et de la gentillesse des locaux que nous croisons lors de nos ballades... Mais non! Nous on préfère vous parler de la face cachée de la carte postale, de ce qui entâche ce rêve d'îles paradisiaques du bout du monde et nous confronte aux réalités humaines (ou inhumaines) désespérantes qui rendent parfois notre voyage pénible... Voyager n'est pas fuir!




LA MER EST UNE POUBELLE!



A l'approche de l'archipel on zoome, et la carte postale se désintègre... Le Pelni (qui a précédemment déversé toutes ses ordures à la mer, comme de coutûme) navigue au milieu de déchets de moins en moins épars, puis lorsque les fonds sont visibles nous sommes mis en face de ce triste fait: il y a de tout, et en masse... des sacs plastiques, des canettes en métal, des barquettes en polystyrène, des sachets, bidons, fûts de pétrole, des pneus, des vélos, enfin tout ce qui chez nous se trouverait à la décharge (avant quoi c'était dans la forêt...)...







Pas question pour nous de nous mettre à l'eau pour snorkeler ici, même si c'est ici que ce trouve le joli poisson Mandarin... Nous décidons vite de migrer vers l'île de Nbzk à une heure de bateau... Mais même ici, le paradis est une illusion puisque les habitant du village défilent chaque soir sur la jetée pour balancer leur poubelle à l'eau. Deux minutes d'inattention, et la notre disparaît pour connaître le même sort, à notre grand désespoir...




Mais que faire... Le problème est de taille:

o Surpopulation: en Indonésie il y a 240 millions d'habitants sur un total de 17508 îles (dont 6000 ne sont pas habitées) et de 1 919 440 km carrés...

o Consommation: on est en plein boom ici, de plus en plus de produits industriels suremballés (ici on achète tout en sachets individuels: café, biscuit, shampoing, shampoing pour mobylette etc...) sont déversés dans ces villes et villages qui ne sont pas équipés pour en traiter les déchets (il n'y a généralement pas de ramassage des ordures)...

o Corruption: la priorité des gouvernements est loin d'être de fournir à ses sujets des infrastructures permettant de gérer tout cela...
En gros, à part jeter leur poubelle à la mer, que voulez-vous qu'ils fassent? Ils n'ont pas le choix, c'est sûr, et lorsque nous faisons des remarques ou exprimons notre désolation, ils haussent les épaules et nous rient au nez...

o Éducation: les concepts de protection de l'environnement et de pollution existent-ils ici?

Alors c'est mieux quoi? Jeter à la mer? enfouir? brûler? nous n'avons pas de réponse à cette question... "recycler" comme chez nous (à grands frais d'énergie) pour se donner bonne conscience et se donner le droit de consommer librement et en excès (plus encore qu'ici puisque nous sommes riches!)?

On en revient toujours à la même réponse... la seule solution à ce problème c'est: limiter notre consommation pour réduire nos déchets... Cesser d'enrichir (à outrance!) les industriels qui génèrent ces tonnes de produits polluants, de mauvaise qualité, et souvent superflus.

Quand on met la tête sous l'eau, nous, c'est avec cette conscience-là d'un problème qui semble insoluble, n'étant pas ici vécu comme tel!

Heureusement, une fois sous l'eau, le calme sous-marin nous réconcilie avec nous-mêmes, nous nous mélangeons aux éléments, nous oublions... Cet archipel étant loin des grosses concentrations urbaines donc des potentiels pêcheurs de masse, nous rencontrons ici les poissons les plus gros que nous ayions vu jusqu'ici, (des requins à pointe noire, des perroquets à bosse, des poissons Napoléon, des thons, des barracudas...), des quantités impressionnantes de poissons en bancs (naserons à éperons bleus (unicornfish), balistes noirs...) et aussi nombreuses murènes, poissons coffre, des balistes clown et des grosses tortues! Juste à déplorer (désolés!) l'état des coraux saccagés et toujours utilises pour la construction...


étoiles de mer





poisson-coffre



naserons à éperons bleus


"Regarde!!!"


"Un poisson-clown!!!"


Julien refait surface...



entre autres, les balistes noirs et les henochius


Yo et sa vague!


coraux morts...




Spécial merci à Tam et Julien pour leurs photos sous-marines (et leur compagnie!). Avec un appareil photo vieux de 5 ans aux batteries capricieuses, et l'autre sans écran ni viseur, nous sommes un peu en rade... humpf...

mardi 24 novembre 2009

SULAWESI:
du 4 au 24 novembre

Tarakan


(interdit de jeter les dechets dans la mer)


Nous quittons la partie malaisienne de Bornéo pour sa partie Indonésienne: Kalimantan. Après deux trajets en speedboat nous arrivons à Tarakan, port d'embarcation pour l'île de Derawan où nous avons prévu de passer quelques jours. Mais lorsque nous découvrons le tarif de la traversée, nous y renonçons... Nous nous rattraperons en passant plus de temps sur l'archipel de Pltxnj...


une jolie fille


Notre visa est de deux mois, notre programme pour la suite est chargé, et après 17 mois de voyage nous avons besoin de nous poser un peu... Faire ses bagages tous les deux jours, passer de train en bateau en bus, atterrir dans un endroit nouveau et ne jamais avoir le temps de s'y adapter... c'est épuisant! Nous avons besoin de nous détendre, et plutôt que de rester avec la sensation de survoler les choses, nous souhaitons aller plus dans la profondeur, en nous attardant dans quelques lieux choisis...



Nous embarquons donc dans le KM Tidar, un bateau de la PELNI ni trop chargé, ni trop sale... Toujours le même problème de matelas subtilisés et loués par l'équipage, mascarade à laquelle nous sommes les seuls à refuser de participer... Les indonésiens, dociles, à qui la notion de droit individuel fait tristement défaut, subissent ce chantage injuste et illégal... Encore une facette d'un pays corrompu à tous les niveaux... Ici c'est la norme, et nous détestons cet état d'esprit et ces abus de pouvoir qui maintiennent ce pays et ses habitants dans la pauvreté, l'insalubrité, et l'ignorance...


dans le bateau, un enfant...


et une vieille dame...


Deux jours plus tard nous accostons à Sulawesi! Cette île, ancienne Célèbes, est encore moins touristique que Java, les trajets y sont plus longs et difficiles, et les bus moins confortables encore...



Arrivés sur l'archipel de Pltxnj, nous sommes éblouis par la beauté de la mer, qui est turquoise intense là où le fond est de sable, et d'une clarté cristalline au dessus des coraux, que nous voyons sur une bonne dizaine de mètres de profondeur... Ce sont de loin les plus belles eaux que nous ayons jamais vues, transparentes, lisses, calmes.


les coraux à travers l'eau claire...


"notre" plage!


à marée basse...


les habitations des sea gypsies (nomades de la mer)


phasme géant


Aka




Le snorkeling y est époustoufflant... Étoiles de mer bleues ou à épines, poissons bigarrés: baliste Picasso à tâche noire (wiki), poisson ange royal (wiki), poisson perroquet (wiki), poisson lion (wiki), poisson chirurgien zèbre (wiki), poisson cardinal (wiki), sur fond de corail multicolore varié...


un genre d'escargot de mer...


un coquillage


étoile de mer visible grâce à mon ombre...





De longues heures de lecture dans un hamac dans un cadre paisible, et nous voilà bien reposés!

Après dix jours dans ce paradis nous repartons rassasiés... petit bémol tout de même: le service n'était pas à la hauteur du tarif demandé (hé ouais! jamais contents ces français!)

Mais nous sommes heureux, nous avons fait de belles rencontres: Grisella et Joan de Cadaquès, Catalunya (on attend votre email!); Mauro, notre Italien blond, animal aquatique et loquace; Sarka et Sam, couple Tcheko-limougeau, avec qui nous décidons de faire un petit bout de chemin à Sulawesi...


Yo avec Mauro


Sam et Sarka


Ce seront d'abord des heures de route (3 bus, 24H en tout... une route coupée, pour cause de glissement de terrain, nous oblige à un détour de 7H), et des heures de négociations (dont une particulièrement intense, de 22H à 2H du matin... au milieu de la nuit nous ne sommes pas en position de force et nous devons nous battre avec les petits opportunistes qui jouent les intermédiaires, pour ne pas être la proie de leur gourmandise...
Nous finissons par être déposés, encore en pleine nuit, à Rentepao en pays Toraja. Féroce négociation nocturne pour les chambres, bon sommeil bien mérité, excellent petit-dej, encore du repos rendu nécessaire par la longue route, et nous sommes prêts à découvrir ce pays si special...





Nous louons un scooter et arpentons les petites routes montagneuses, tout au long d'une belle et agréable journée. Surgissent de la végétation tropicale, ça et là, les toits en forme de bateaux des maisons toraja, une architecture originale et assez extraordinaire!



au pied d'une grange à riz


à la fenêtre d'une tongkonan, maison ancestrale


les rizières en terrasse


granges à riz (alignées en face des maisons)


paysan


statues


l'ombre d'un chien, pubret!


têtes de buffles à l'arrière des tongkonan


enfants



La culture Toraja est vraiment à part, avec des rites mortuaires très particuliers. Les corps des défunts sont embaumés, et restent souvent plusieurs années dans la maison familiale jusqu'à ce que l'argent nécessaire soit rassemblé pour sacrifier suffisamment de buffles et cochons pour honorer le statut social du trépassé et permettre à son âme de quitter son corps pour accéder au paradis. Paradis chrétien, d'ailleurs, car la religion majoritaire ici est devenue l'Église reformée, depuis la venue des missionnaires hollandais au début du XXe... Nous sommes surpris par la ferveur religieuse des fidèles, que nous croisons, la bible à la main, revenant de la messe en ce dimanche matin, marchant peut-être des kilomètres.



Les morts sont ensuite conduits dans leur dernière demeure: des cercueils entreposés dans une grotte, ou insérés dans des caveaux creusés dans de gros rochers (un par famille) ou encore suspendus à une falaise... C'est l'occasion d'une grande cérémonie de plusieurs jours ou les bêtes sont tuées et des cadeaux sont offerts au mort pour qu'il puisse subsister dans l'après-vie comme sur terre, de son vivant (selon la richesse et le statut de sa famille)



un jeune


transport des cochons (et des humains!!!)


Christian nous a raconté sa culture autour d'un repas, offert dans sa maison.


Nous apprécions beaucoup d'être au contact d'une culture si ancienne et préservée, c'est quelque-chose qui est devenu rare en Indonésie et dont nous n'avons été témoins qu'au contact de la civilisation Balinaise!



Nous nous amusons bien en compagnie de Sarka (avec sa douceur et son charmant accent Tchèque ;) et Sam (et son humour à - presque? - toute épreuve) (lien vers leur blog), nous nous entendons vraiment bien, c'était chouette de passer cette petite semaine ensemble!



gourmandises à la ville... ou devrais-je dire "cochoncetés"???