mercredi 14 octobre 2009

BORNEO:
du 6 au 14 octobre: Sarawak


Après la fameuse expérience du PELNI, nous accostons donc à Pontianak que nous sillonnerons de long en large à la recherche de la station de bus, les locaux nous envoyant un coup à droite, un coup à gauche... (en fait il y en a deux!)
Désolés Fred c'est tout ce que nous avons sur Pontianak puisqu'il ne nous reste qu'un jour de visa... Nous sautons donc dans un bus pour Kuching, capitale de l'état de Sarawak, Bornéo.
Quelques jours dans un dortoir bien propre, le temps de nous habituer au climat: c'est la mousson ici et il pleut apparemment chaque après-midi.

Bornéo côté malaisien a pour attrait majeur de nombreux parcs nationaux qui protègent la jungle et sa faune. Hélas les parcs sont trop petits et n'ont pas empêché une sévère déforestation de 60% de la forêt primitive malaisienne, dûe à la plantation de palmiers à huile qui est exportée vers nos contrées pour l'industrie agro-alimentaire (regardez les ingrédients des produits vendus au supermarché, il y a de l'huile de palme partout!) et les biocarburants. Avec de graves conséquences en matière d'autosuffisance alimentaire, en plus des dégâts écologiques occasionnés pour le pays (lien, lien, lien, lien).
Nous décidons de visiter un des plus connus de Sarawak: le parc national de Bako, connu pour la diversité de ses écosystèmes.




Trois jours dans la jungle, quatre nuits dehors...

En bons crevards nous arrivons trop tard au terminal des bateaux (seul accès au parc) donc la pelouse devant le guichet d'entrée nous servira de moelleux matelas pour poser notre tente... Petite nuit: entre l'absence de (vrai) matelas, le confinement, la moiteur, les moustiques, et le manque de tranquillité d'esprit, nos nuits en tente sont hachées, donc peu reposantes...

Bref...

- premier jour:
Nous prenons le premier bateau en compagnie d'Arianne et Nicolas (ils viennent des Yvelines, mais Nico nous annonce bien aimer la région Bordelaise, en particulier Lacanau et St Germain du Puch!!! La tête de Yohan!!!)

Au bureau d'enregistrement on nous oriente vers le camping où nous nous empressons de nous rendre pour nous doucher. Stupéfaction: le terrain est constitué de cailloux, les douches sont sales, pas entretenues, il n'y a ni lumière, ni crochet pour suspendre nos affaires, que nous ne pouvons laisser dehors en raison d'une importante population de macaques à longue queue, chapardeurs de première classe! En fait rien n'est fait pour le campeur, qui doit en revanche s'acquitter d'un droit de camper... En bons français nous allons râler, et la réceptionniste, décomposée, nous propose de poser la tente où nous voulons, et gratuitement! On n'en demandait pas plus!




Après une bonne ballade de trois heures environ avec Arianne et Nico sur la côte jusqu'à une charmante plage, nous décidons de rejoindre une cascade pour la nuit. Un orage se dessine à l'horizon, mais nous sommes convaincus de trouver un refuge près de la cascade, alors nous accélérons le pas, ce qui ne nous épargnera pas une "petite" pluie tropicale que nous trouverons finalement agréable, même si nous arrivons à notre point de chute (où il n'y a finalement pas d'abri) TREMPES!



Aujourd'hui nous n'avons mangé qu'un maigre petit dej et quelques gâteaux, alors il est temps de préparer un petit bol de nouilles (en bons crevards nous sommes partis avec en tout et pour tout: cinq paquets de nouilles instantanées et un paquet de biscuits chacun, avec une maigre réserve de pétrole ne nous garantissant pas de pouvoir nous nourrir jusqu'au bout) mais cela ne nous travaille pas trop...

La jungle c'est pas idéal pour poser une tente, Yohan devra couper quelques racines et ramasser quelques sacs de feuilles pour nous confectionner un semblant de matelas. Hop! Le tour est joué! Salamat malam!


la douche...


- deuxième jour:
Après une maigre nuit nous nous réveillons quelque peu fracassés, avalons quelques biscuits, et partons gaiement vers le but que Lara nous a choisi au pif sans prendre aucun renseignement: Telok Limau, une plage à 13km et 8H de marche (annoncées) depuis le quartier général du parc. Il paraît que nous pouvons y rencontrer des singes nasiques!


A la cascade nous étions au km 3 (le sentier est balisé tous les 100m environ). Jusqu'au km 5, c'est une marche assez tranquille dans une forêt verdoyante. Nous y observons de beaux spécimens de plantes carnivores.






Puis le sentier s'enfonce dans une jungle plus compacte et devient plus pentu. Au km: 6, nous croisons deux italiens, qui viennent de Telok Limau où ils on été déposés en bateau tôt le matin. L'un d'eux, en nage, paraît épuisé, éprouvé, désespéré...
Reprenant la marche après une vaine tentative de communication, nous ricanons gentiment!



empreinte de gros "chat"!




filtration de l'eau

Nous filtrons l'eau des ruisseaux que nous croisons grâce à un filtre, qui nous permet de ne pas consommer d'eau en bouteille plastique, et nous évite de porter du poids en randonnée... Merci ma gramminette pour ce précieux cadeau!




Après le km 6, et jusqu'au km: 9, ca se corse: le sentier s'escarpe sérieusement, des arbres gigantesques tombés au sol barrent le chemin, nous poussant à l'escalade, nos pieds s'enfoncent dans des marécages, nous glissons sur les pierres entre deux rives d'un ruisseau, les troncs qui servent de pont pour franchir ruisseau ou petit ravin sont pourris voire tombés en ruines, et les kilomètres ne défilent pas, alors que la journée avance...



A partir du km 9, les pentes sont carrément abruptes, interminables, et quelque peu dangereuses. Ca monte, ça descend, ça remonte, ça redescend, dans une forêt tropicale très humide, infestée de moustiques (arrêt quasi impossible sous peine d'attaque). Ce matin nous sommes partis n'ayant pas séché de la pluie de la veille, et là nous avons sué des litres et des litres... nous commençons à prendre conscience des réalités de la jungle. Nous repensons alors à l'italien et comprenons sa douleur!

Dans une montée très raide, je glisse sous le poids de mon sac à dos (et de la fatigue!) et ma poitrine se heurte violemment à une racine saillante, qui me coupe le souffle, entre la douleur et l'angoisse qui commence à faire surface: l'idée du chemin retour me paraît insurmontable à ce degré d'épuisement et à ce niveau de difficulté. Je craque à gros sanglots et Yohan prend mon sac en plus de ses affaires pour les deux kilomètres restants.
Le ciel se couvre, la nuit approche, Yohan accélère le pas malgré épuisement, conscient du danger d'un tel sentier dans l'obscurité.

C'est dans ce moment de tribulation que le bouchon de notre seule bouteille d'eau choisit de sauter! Nous perdons la quasi-totalite de notre réserve! Impossible de faire demi-tour, il fait déjà trop sombre. Notre seul espoir est de rencontrer de l'eau douce avant d'arriver à la plage... Ce qui n'arrivera point... OH NON!!! Pas l'eau!!! Épuisés, déjà passablement déshydratés, nous ne pouvons ni boire ni du coup manger les nouilles qui allaient constituer notre seul repas de la journée...
Désemparés, assoiffés, nous nous couchons avec la nuit, à 18H avec l'appréhension du lendemain. Moi je ne vois qu'une solution, attendre un bateau, même si ça prend plusieurs jours. Mais nous n'avons pas d'eau! Yohan, plus calme, me remonte le moral en me disant qu'en partant très tôt, et en y allant tout doucement, on y arrivera, épuisés certes, mais on y arrivera! (Au fond de lui il est tout de même inquiet, surtout qu'il suffirait d'une bonne averse pour nous mettre dans une situation critique.)


- Troisième jour:
Nuit en conséquence sans commentaire. Réveil au petit jour. Très faibles, tremblants, sans forces, nous avons besoin d'eau! Alors sans tarder nous nous mettons en route sur un fond sonore orageux (heureusement l'orage nous passera à coté et le ciel s'éclaircira! Ouf!

Direct c'est aux parties abruptes que nous devons nous attaquer dans un état limite (Yohan, étourdi, boit l'eau dans les feuilles tombées au sol, moi pour pouvoir avancer j'ai éteint mon cerveau limbique...) Après deux kilomètres nous retrouvons l'eau, à notre grand soulagement... Nous sommes toujours en état de déshydratation, nous avons la gorge serrée et douloureuse, Yohan a la vue qui se trouble.



Après 11 heures de marche, nous atteindrons doucement mais sûrement les quartiers généraux, où nous avalerons tant bien que mal un gros repas avant d'aller dormir sous un abri, dans la mangrove...




La jungle nous a donné une petite leçon d'humilité, et c'est maintenant, alors que nous sommes enfin à l'abri, que tombe la grosse grosse averse que nous avions redoutée... Ouf! Merci mère nature!



Après du repos bien mérité en ville, nous faisons une petite excursion dans un autre parc naturel, car la Rafflésie y a fleuri! C'est la plus grosse fleur du monde!




On est un peu déçus, elle est petite (50cm de diamètre!), on ne peut pas l'approcher, et elle semble fanée... mais un sentier sympathique nous mènera ensuite à deux merveilleuses cascades, une oasis de fraîcheur rien que pour nous où je me délecterai, comme une grenouille!



et puis je rencontre enfin mon idole...


Allez... Bornéo nous semble être l'endroit idéal pour voyager quelques semaines chacun de notre côté, alors rendez-vous la prochaine fois sur yoyoensolo et lalaparla!