INDONESIE:du 18 septembre au 5 octobre: Bromo, Bali, PELNI
Après avoir escaladé le Bxkrpw (5H de montée tout droit, 3H de descente, bien raide, poussiéreuse et glissante) nous nous attaquons au Bromo, après une journée entre les trains (spacieux!), les bus (étroits!), et les transports locaux (éternelle lutte!)... Nos jambes n'ont pas eu le temps de se remettre... Dans le train nous rencontrons Lizbeth et Olivier, de Paris, puis en en descendant, un japonais de Hokkaido, Tomi, 69 ans! Tout naturellement et spontanément nous faisons la route ensemble...
Réveil mis à 3H du matin, et la petite équipe grimpe de nuit, torche à la main ou sur le front, un petit sentier à flanc de montagne. C'est nettement moins raide que le Bxkrpw car le sentier a été taillé en zigzag. Bien mieux aussi contre l'érosion... Deux heures de marche bien agréables, l'obscurité y conférant une ambiance un peu secrète... Puis le sentier se (broum) termine (BROUM) sur... une route!!! BROUM! BROUM! D'un coup nous sommes extirpés de notre procession nocturne pour nous retrouver au beau milieu de dizaines de jeep qui montent, comme nous, voir le lever du soleil. Nous estimons à une centaine (?) le nombre de jeep garées sur le bord de la route... Les dernières sont si loin du sommet qu'il y a en plus un incessant va et vient de mobylettes qui font la navette dans un vacarme de tous les diables... Là tout s'effondre, on s'imagine déjà le spectacle qui nous attend au sommet.
autre surprise de taille...
Nous cinq, fiers d'avoir trouvé notre chemin de nuit dans la montagne, sommes dépités en nous joignant à la foule agglutinée sur le belvédère qui offre le fameux point de vue sur le Bromo fumant et ses compères... Nous parvenons tout de même à nous extraire de la masse et trouvons un point de vue alternatif, un peu plus bas... C'est pas de là que nous pourrons prendre le cliché parfait (le même que tout le monde) mais on est à l'écart pour ruminer un peu sur les effets du tourisme de masse sur de tels sites naturels... C'est à ce moment que Yohan et moi décidons de masquer dorénavant sur le blog les noms des endroits un peu magiques encore à peu près à l'abri du tourisme de masse... Remontant sur le belvédère, nous réalisons que tout le monde est parti (vers l'étape suivante de leur tour...)
Pour redescendre, nous voulons changer de chemin, et nous nous retrouvons à faire un sacré détour de 3 heures qui nous amènera dans la mer de sable qui entoure le volcan... Puis nous gravissons le cratère, qui nous impressionne par sa taille énorme, et sa cheminée bien visible...
Encore une heure de marche jusqu'au village, puis nous reprenons la route, crampes dans nos jambes douloureuses, calés dans les bus qui nous amèneront péniblement jusqu'à Bali, où Yohan a encore l'espoir de trouver un bateau, malgré les vents contraires à cette saison...
Nous arrivons à Kuta Bali en pleine fête d'Idul Fitri (fin du ramadan), qui plus est le soir, alors toutes les chambres d'hôtes sont pleines ou très chères (5 fois plus que ce que nous avons l'habitude de payer). C'est LA station balnéaire de l'île, qui offre à ses hordes d'australiens surfers tout ce dont ils ont besoin: sea sex and sun; bars, clubs, filles, magasins de souvenirs. La perspective de dormir dehors dans cette ambiance de débauche ne nous enchante pas mais nous trouvons un banc dans la cour d'une chambre d'hôtes endormie et n'y sommes guère dérangés... Le matin nous y prenons la première chambre qui se libère, après cinq heures d'attente patiente...
Allez... Au boulot... Mission bateau... Première erreur: nous louons une mobylette pour visiter les marinas... La conduite en ville est un cauchemar: circulation dense et lente, on est coincés toute la journée dans les pots d'échappement, aucune signalisation, on se perd, on fait dix fois le tour... Mais surtout: Yohan s'arrête après la ligne blanche au feu, et on y a droit, comme la plupart des touristes: COUP DE SIFFLET! ARRESTATION! Comme nous ne proposons pas de bakchich nous avons droit à une convocation au tribunal dans une semaine... Mais qu'est ce qu'on fout là??? (deuxième erreur!!!) On voulait pas venir ici!!!
De plus les marinas ne nous apportent rien de positif, personne ne part en Australie. Nous laissons donc des annonces mais on n'y croit plus trop... Surtout que pour être parfaitement honnête, moi, je n'y tiens pas vraiment. Et puis L'Australie comme destination finale de notre grand voyage par la terre, bof...
En attendant d'avoir une éventuelle réponse à nos annonces (ainsi que le fameux tribunal), nous louons encore une mobylette pour nous balader dans l'île... Ouf! Quel bonheur de sortir de cet horrible endroit!
Le reste de l'île est vraiment très beau, enfin... loin des centres touristiques... c'est luxuriant de végétation et l'architecture est magnifique: chaque maison se cache derrière son propre temple, les routes sont donc bordées de petits temples au toit de chaume noir. La religion (hindoue tintée de bouddhisme) est très présente et se manifeste dans des gestes quotidiens pleins de fleurs et de couleurs: offrandes aux dieux, cérémonies...
Tanah Lot
Tanah Lot durant Idul Fitri
petit temple balinais deniché au milieu de la forêt
Nous grimpons jusqu'au lac Danau Beratan et visitons l'immense jardin botanique (Kebun Raya), fondé en 1959 et sommes émerveillés devant la collection de Bégonias (en fleurs) qui fait, à juste titre, leur fierté... Méprisé, relégué au rang de "plante de grand-mère", le bégonia mériterait d'être réhabilité, tant il est spectaculaire dans sa diversité, les formes et les couleurs de leurs feuilles.
campement improvisé
Par contre Ubud, le village des artistes, nous offre un spectacle que nous avions pressenti... Le tourisme l'a bouleversée... On y trouve tout le confort, à des prix raisonnables, mais, revers de la médaille: des kilomètres et des kilomètres de magasins obstruent le beau paysage typique, cher au regard des touristes, les rizières en terrasses...
Voilà... Décidément le tourisme nous pose un problème. Jusqu'ici avec Yohan on refusait, par humilité, de s'en distinguer... Pourtant après mûre réflexion, nous réalisons que nous n'en sommes pas. Nous ne venons pas claquer de l'argent pour nos trois semaines de vacances dans un pays où tout est moins cher... Nous sommes des voyageurs, et essayons tant bien que mal de vivre à la locale (souhaitant avoir aussi peu d'impact que possible sur la culture...) et puis "le voyageur n'a pas de billet retour"... passons...
Bon... On se casse? Après avoir appris le montant de l'amende à laquelle nous faisons face (couplé avec le fait que nous sommes blancs donc susceptibles de payer bien plus) et ayant entendu les récits d'autres victimes de la police (qui fonctionne au rendement, arrête les blancs sous n'importe quel prétexte pour empocher un maximum de bakchich) nous décidons de prendre la poudre d'escampette!!!
Hé oui! Nous prenons un bus de nuit pour Surabaya (130 000 roupiats, soit 9 euros, incluant un goûter et un repas, ticket acheté à Denpasar, la capitale. Le même billet acheté à Kuta: 350 000)(autre comparatif: depuis Kuta, une excursion au mont Bromo de trois jours coûte entre 3 et 5 millions de roupiats, alors qu'on l'aurait faite, nous, pour à peu près 300 000. Preuve que le touriste qui arrive en avion à Bali, qui n'a aucune idée de la réalité du pays, paye naïvement 10 fois le prix, et donne aux locaux l'idée que l'occidental est riche et facile à berner, et crée un rapport inégal et uniquement basé sur l'argent...)
Nous avons un ferry à prendre à Surabaya le 1 Octobre à 16H. Nous passons la nuit près du terminal de bus dans une chambre d'hôtes miteuse. Par précaution, et dans l'espoir de monter dans le bateau dans les premiers afin de nous assurer une place correcte, nous arrivons à 10H du matin. Mais nous apprenons que le bateau est retardé de 24H! Là la question de notre crevardise se pose... On attend ici ou on repart à l'hôtel??? On hésite, retraverser la ville, payer une nuit, ou bien attendre 30 heures et dormir dehors??? Ah la la... Pépé et mémé croutard décident de chercher une chambre dans le coin. 5 km de marche sous le soleil de midi pour ne trouver que deux chambres d'hôtes: une trop chère, l'autre ne souhaitant pas accommoder nos faces de lunes (bulan = lune = blanc). Crevards ou carrément loosers? Bon bein on reprend un bus pour le terminal où nous avons dormi la nuit dernière...
Le lendemain rebelotte... Nous arrivons à 10H et attendons que le ferry arrive, assis au milieu d'une foule compacte qui tente tant bien que mal de se protéger du soleil...
Nous attendons 6 heures et il est 16H... toujours pas de bateau... 18H... il fait nuit... on nous fait rentrer dans la salle d'attente où nous nous entassons près de la porte. On attend une heure... pas de bateau... 20H... 22H... Rien... On somnole sur un mètre carré entre nos sacs et les cartons des voisins... On a mal partout, toujours pas de bateau... le jour se lève... 5H... LE VOILA!!! Tout le monde se lève, tous les hommes recommencent à fumer, augmentant la température de la pièce de quelques étouffants degrés... On s'entasse, on se pousse, mais les portes ne s'ouvrent pas... Aille aille ouille... C'est dur de rester patient... Même quelques indonésiens (pourtant habitués à être traités comme des boeufs) semblent perdre patience. Puis tout à coup la porte s'ouvre et s'en suit une bousculade digne des boeufs que nous sommes devenus, et le combat continuera jusqu'à l'intérieur du bateau...
montée à bord
Manquant de me faire écarteler, je suis la seule à gueuler, en bonne occidentale... Hum... Nous traversons les dortoirs de la classe économie, déjà pleins, en plus les matelas ont été enlevés, alors nous décidons de chercher une place sur le pont... Par chance nous trouvons deux bancs à l'avant du navire et les investissons immédiatement. Nous échappons ainsi au stratagème mené par quelques malins, qui posent leurs cartons sur les bancs et le sol, pour réserver les places et les revendre à d'autres passagers... franchement... on se croirait à l'école primaire... les matelas sont apparemment subtilisés puis loués aussi par ces renards portuaires... (
pour un récit poignant sur les ferries de la PELNI, cliquer ici!)
sur le pont...
A l'achat de nos tickets la semaine précédente, on nous a annoncé une traversée d'une journée. 24 heures après le départ, aucune terre à l'horizon. On apprend alors qu'il y a encore 24 heures. Super!!! Encore 24 heures de constipation volontaire pour Lara! (je tolère le manque d'hygiène jusqu'à un certain point, les salles de bains de la PELNI, pour moi c'est trop... puanteur, crasse, chaleur, moiteur, 5 cm d'eau crade se baladant au sol avec le roulis, les hommes qui pissent dans les douches des femmes... Humpf...) Et Yohan qui se casse les os par terre... il a fait l'erreur d'inviter un gars sur son banc (1 gars = 6 gars...)
la même barquette servie à chaque repas...
Pendant la traversée, Yohan surprend un fait qui ne surprend que lui: au moment où il souhaite mirer l'immensité de la mer, ce sont des mètres cubes de déchets qui sont déversés dans l'eau sous ses yeux ahuris!!! 1700 personnes dans le bateau, 3 repas par jour dans des barquettes de polystyrène, 2 jours de traversée = 10200 barquettes... sans compter les gobelets de nouilles instantanées et tous les autres déchets générés par les passagers, quand ils ne sont pas balancés directement par dessus bord... de quoi être choqué!!! Ca multiplié par le nombre de navires qui circulent entre les îles indonésiennes, on n'ose pas imaginer la catastrophe écologique! (
il y a pire: cliquer ici)
Puis nous arrivons enfin à Pontianak sur l'île de Borneo (après avoir touché le fond, au sens figuré mais aussi au sens propre; un remorqueur viendra pousser le ferry hors de son enlisement), VIVE LA PELNI!!!
Allez... Par rapport au plan, 36 heures de retard + 24 heures de traversée supplémentaires, ça va être juste pour sortir du pays avant la date limite de notre visa!
Mais malgré les horreurs de la PELNI, bein heureusement qu'elle existe, sans quoi il n'y aurait que l'avion pour circuler en Indonésie! LA PELNI: UNE VRAIE EXPÉRIENCE INDONÉSIENNE!